Comme promis la suite, aventure froide et cruelle de nos amis et de leur quête.
Le blizzard mordait ma peau et tannai mes habits incessamment. Les hauts cols blancs, immaculés, semblaient appeler à la paix. Mais je ne me fiai guère à leur message. Le ciel d’un blanc glacial hurlait à la mort, vomissant sur la terre ses milles démons de froids et de glaces.
Je regardai la compagnie qui marchait dans la neige. Zorn, en tête, guidait ses amis grâce à un curieux dispositif attaché à sa ceinture. Sa barbe, d’ordinaire garnie et d’un noir soyeux, pendait lamentablement à son visage, grisâtre, noircie sur les extrémités, elle avait subie les attaques du temps. De ses mains ne pendait que de lamentables moignons, rongés par le vent et la neige. Ses yeux, inexpressifs, cherchaient du réconfort dans son esprit. Il tourna lentement sa tête pour contempler le reste de sa compagnie.
Ainsi nous ne sommes plus que sept survivants du temps. Mais si son esprit concevait le désastre de son aventure, son cœur ne pouvait se résigner à abandonner dans la mort ses compagnons d’infortune. Pas après pas, ils s’enfonçaient plus profondément dans le massif montagneux.
-Hurlecol. Je sens le temps s’écouler à travers tes montagnes, la légende disait vrai, c’est bien la source du temps, la où ce qui commence finit et ce qui fini nait. Depuis combien de temps déjà étions-nous en chemin ? Je ne saurai le dire. Combattant le temps, j’en ai perdu sa notion. Il n’y avait pour nous nulle trame où se référer, nul calendrier, nulle année, juste une infinie descente vers la mort. Et vers le temps.
Alors qu’il se noyait dans ses réflexions, Zorn fut brusquement stoppé par…
-Humf, quelle est donc encore cette sorcellerie ?! Un mur invisible ? Est-ce ce que tu as de mieux à nous offrir Xelor ? La voix hurlante du vieillard couvrit le bruit du vent dans la vallée. Son blasphème fit taire le blizzard et la tempête disparue.
-Chat approche ! Et dis-moi ce qu’il y a ici, que nous puissions continuer notre chemin.
Une sombre et maigre silhouette sortie du groupe. Sous ses diverses couches de vêtements se dégageait une aura démoniaque. L’Ecaflip, l’âme corrompue par tant d’années de souffrances, siffla un sort de perception. Et ce qui n’était qu’un souffle devint soudain une tempête d’une puissance abominable. Jamais de mémoire d’hommes un Ecaflip n’avait atteint un tel niveau de puissance. Le sort rebondit contre la paroi de l’obstacle, le dissolu et vint fracasser la montagne dans un grondement de tonnerre. Chat se tourna alors vers Zorn.
-Il en est fait selon ton désir, maitre. Veut-tu que le destin d’Ecaflip s’abatte dans cette vallée, ainsi nous n’auront plus rien à craindre.
-Merci fidèle ami, mais la puissance que tu libère ne peut être contenue ici, garde tes forces pour notre véritable ennemi.
Et sur ces paroles, le compagnon regagna sa place, non sans laisser dans la neige une trace démoniaque, signe de sa puissance sans limite.
Je pris pour moi-même une note spéciale,
Penser à tuer Chat, jamais disciple ne doit dépasser la puissance de son Dieu